Made by Joseph Foret

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Made by Joseph Foret

Description:
Joseph Forêt, l’éditeur auvergnat démesuré, nourrissait une passion pour la philatélie et l’histoire de la Grande Boucle, qu’il assouvit au travers d’oblitérations commémoratives et d’enveloppes spéciales.

IL VENDAIT DES CARTES POSTALES AVEC SA PETITE VALISE…
Entre 1948 et 1959, Joseph Forêt, cet éditeur d'art vendit lui-même sur le Tour des cartes postales signées des plus grands artistes, non sans mal d'ailleurs. Puis, en 1960 et 1961, passant quant à lui au Tour du monde, il les fit vendre par d'autres.

Orphelin, autodidacte, bronzier,
fabuleux éditeur d'art, et surtout
ancien bon sociétaire du Vélo-Club de Levallois, le modeste, timide, passionné et entreprenant Joseph Foret (1901-1991) est peut-être le personnage le plus extraordinaire qui ait jamais fréquenté la caravane du Tour. Certes, son passage n'excéda pas les onze ans, entre 1948 et 1959, mais il apporta au patrimoine de la course une vraie dimension artistique. Et ce par le biais de la philatélie et de la cartophilie. En effet, cet ami des artistes se mit en tête de doter le Tour de France et ses coureurs, qu'il aimait de passion vraie, de souvenirs philatélico-artistiques parfaitement uniques puisque signés par les maîtres Van Dongen (1955), Jean-Gabriel Domergue et
Utrillo (1956), Delanglade et Buffet
(1958), Dali (1959), Foujita (1960) et Trémois (1961).

Un challenge insensé, car ces œuvres d'art célébrant le Tour de France devaient être, c'était son souhait, bon marché. Moyennant quoi, il tirait à 500 exemplaires chacune des cartes et enveloppes, qu'il affranchissait et faisait spécialement oblitérer à chaque étape! Le tout représente aujourd'hui un merveilleux ensemble de 230 cartes postales et cachets, car participèrent aussi à l'aventure d'autres artistes un peu moins huppés, comme Maurice Tranchant (1948, 1950), Hertenberger (1949), Cello (1953, 1954), Charles Blanc (1957), ou
L.G. Keller (1959).

UNE DÉBROUILLE DE TOUS LES JOURS
La difficulté dans tout cela, c'est que le téméraire Joseph Foret n'eut pas le moindre véhicule à lui entre 1948 et 1954, ce qui l'obligea à des acrobaties impossibles pour suivre la course, affranchir et expédier ses souvenirs à chaque étape. Le timide força donc sa nature pour emprunter quasiment tous les véhicules de la caravane publici-taire, du camion de La Ruche de Provence (nougat de Montélimar) débordant déjà de ses dix vendeurs, à la camionnette Catox, au camion Timor (« où Timor passe, l'insecte trépasse »), en passant par les bolides et cars Aspro, Kub, Nestlé, Ricard ou Waterman.
Et pour ne pas gêner, avec sa valise d'effets de rechange et sa sacoche pleine de cartes et enveloppes, le déjà minuscule Joseph se faisait encore plus petit... Passant de l'un à l'autre, il ne se couchait pas avant 22h, après s'être levé à 4h du matin. Il avait regardé l'arrivée, était allé affranchir ses cartes, en avait vendu quelques-unes sur un coin de table, avait essayé en vain de trouver une chambre, avant de se retrouver, dans une caserne, une école, un séminaire ou une ancienne... maison close. Quand ce n'était pas sur la plage.

Durant cet âge d'or de la caravane publici-taire, l'homme phare en était jean Nohain, qui hébergeait régulièrement Joseph dans son car nommé C'est la vie, titre de l'émission qu'il animait alors sur RTL avec Alex Virot, Marie Bizet, Claude Dauphin et jean-Jacques Vital. Ensuite, ce fut Reines d'un jour, mais l'hospitalité de jean Nohain ne se démentit jamais.

Et c'est donc avec une petite pointe de nostalgie que Joseph débarqua sur le Tour 1955 avec une Simca Aronde. Ensuite, il passa à un cabriolet Week-End, puis à une Ford Thunberbird. C'était plus facile, tout le matériel était dans le coffre, et Mlles Reboh ou Delorme aidaient Joseph à vendre ses mer-veilles, quand sa charmante épouse Renée ne venait pas elle-même donner un coup de main. Car, au fil des ans, ce coup de poker bons procédés, Joseph prenait maintenant à son bord les épouses des copains, par exemple celle du docteur Dumas.

Mais ayant fait le tour de la question, même s'il restait attaché à « son » cher Tour, le petit aventurier du Mont-Dore rêvait d'autre chose. Il venait de créer L'Apocalypse, le livre des livres. Une pièce fantastique, dont la couverture était signée Salvador Dali.
Avec ce chef-d'œuvre et à cause de lui, il ne suivrait pas les Tours 1960 et 1961, mais émerveillerait le Tour du monde entier jusqu'en 1974. Une épopée planétaire, dont : l'origine fut assurément la caravane du Tour, et les aventures qu'il y vécut.